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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

Une gauche au point mort
Un article qui m’a conduit à m’inscrire au symposium ’Réveiller le rêveur"
Article mis en ligne le 23 juin 2007
dernière modification le 28 mai 2008

Extraits d’un article de Michèle Gilkinet et Paul Lannoye (du GRAPPE), dans le n° spécial de la revue "Politique" à l’occasion de ses dix ans sur le thème "la gauche peut-elle encore changer la société ?" (juin 2007).

Juste après la défaite de la dite "gauche" en France et les piètres résultats des partis socialistes en Belgique en juin, ce numéro, et cet article en particulier, ont résonné particulièrement fort à mes oreilles...

Il ne s’agit pas tant aujourd’hui de choisir ou non de changer la société au nom d’un idéal, fut-il de gauche, que de trouver les moyens de rencontrer les enjeux incommensurables qui sont devant nous et devant tous les peuples de la terre. Aujourd’hui, nous sommes à la veille d’une transformation aussi - si pas plus - radicale que celle qui s’est passée à la fin du Moyen âge ou de la Renaissance. "Si pas plus", parce que cette fois le changement de cap qui s’impose implique la planète entière.

Les équilibres sont rompus ou en voie de se rompre définitivement. D’abord les équilibres écologiques sans lesquels aucune vie n’est possible sur terre. Ensuite - mais pas seulement - les équilibres sociaux et géopolitiques.

Où que l’on regarde les choses, les brèches sont immenses. De plus en plus d’observateurs s’accordent pour penser, à contrario du passé, que notre mode de vie, de pensée, occidental, fut-il coloré de gauche, ne pourra pas être étendu à la planète entière et constituer les piliers d’une société globale heureuse et solidaire. Il ne le pourra pas parce que tout simplement il est impossible. Les limites planétaires ne le permettent pas. Les limites humaines sont largement dépassées et les équilibres géopolitiques sont globalement inexistants : ils ne servent que les populations les mieux nanties et risquent bien de ne pas résister aux pressions grandissantes qui entourent et entoureront l’accès aux matières premières et aux énergies fossiles notamment. (...)

À l’origine de ces dérèglements nous voyons, pour l’essentiel, un mode de pensée articulé sur la conquête et la croissance, un mode de pensée détaché de la réalité écologique et humaine. (...)

L’horloge écologique tourne et les dérèglements s’amplifient. Le changement de cap ne fait aucun doute. Ce n’est pas de gaieté de coeur que nous y assistons aujourd’hui tant les différents courants de pensée dominants y sont peu préparés et s’y préparent peu. (...)

Les enjeux sont partout. Et bien plus fort que ce que nous l’avions pensé. Il ne s’agit pas seulement de revoir les institutions pour en corriger les dérives, c’est tout un nouveau monde qu’il nous faut réinventer.

Ni le capitalisme, ni le socialisme, pas même l’économie de marché, fut-elle planifiée, ne constituent des réponses adéquates aux enjeux du XXI siècle.

C’est la question même de la survie de pans entiers de l’humanité qui est en jeu : aujourd’hui les habitants de Tuvalu, les esquimaux, les hommes et femmes des déserts ? Demain les habitants des basses terres partout dans le monde... Kofi Annan n’a-t-il pas lui-même indiqué que « si les tendances actuelles se poursuivent, 60 millions de personnes auront quitté avant 2020 les régions désertiques de l’Afrique sub-saharienne pour gagner l’Afrique du Nord et l’Europe, et, dans le monde, 135 millions de personnes seront peut-être sur le point d’être déracinées ».

La question de l’équité s’est donc déplacée : aujourd’hui c’est sans doute plus en refusant de prendre l’avion, en réduisant son empreinte écologique, en n’achetant pas les légumes hors saison et en mangeant moins de viande qu’en achetant les produits issus du commerce équitable que l’on est le plus solidaire. (...)

Arriverons-nous à le faire ? Aurons-nous le courage intellectuel de sortir de nos ornières culturelles pour aborder le monde qui se prépare et assurer la pérennité des valeurs qui nous réunissent ? Pourrons-nous par exemple nous engager collectivement à ramener l’économie du Nord à n’user que de 1,8 hectare par individu pour arrêter de dilapider le capital écologique commun à l’humanité et laisser l’espace qui leur revient aux populations du Sud et aux générations à venir ?
(...)

n° spécial de la revue "POLITIQUE" à l’occasion de ses dix ans sur le thème "la gauche peut-elle encore changer la société ?" – juin 2007, pp. 48 et 49.

GRAPPE :
Groupe de réflexion et d’action pour une politique écologique :
http://www.grappebelgique.be