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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

La créativité se cultive en labo
Article mis en ligne le 20 juin 2014
dernière modification le 23 septembre 2014

Et si on insufflait de la créativité dans le cursus des futurs instituteurs primaires ? C’est l’objet du projet pilote "Creative school lab", initié par Creative Wallonia, qui est testé depuis septembre et pendant deux ans dans deux hautes écoles wallonnes : Condorcet dans le Hainaut et Charlemagne à Verviers.

Cette dernière a répondu à l’appel à projet de la Région wallonne "car notre équipe pédagogique est elle-même très créative et que la pensée créative était déjà encouragée au sein du cursus. Mais aussi parce que nous constations que la plupart des étudiants de 3e année éprouvaient de grosses difficultés à choisir un sujet de travail de fin d’études (TFE) et à le développer de manière originale", explique Marie-Agnès Boxus, la coordinatrice de la catégorie Pédagogique à la Haute école Charlemagne.

La créativité comme boîte à solutions

"Les étudiants ignorent leurs richesses. Ils s’autocensurent continuellement et sont très passifs. Au cours de leur cursus scolaire, on ne leur a pas laissé la parole. Alors, ils n’ont pas d’avis. Ils sont conditionnés à apporter une réponse donnée à un problème donné et ils n’osent pas s’exprimer. La créativité, c’est un levier qui peut leur apporter de la confiance en eux. Dans une société où tout bouge, où l’on demande une polyvalence extrême aux futurs enseignants et où l’école ne peut pas tout leur apprendre, la créativité leur offre des solutions. Et puis, il faut que les étudiants soient conscients que la créativité est cruciale chez les enfants", poursuit-elle.

Depuis la rentrée de septembre 2014, un laboratoire créatif, baptisé "Ça créé à Charlemagne", a été mis en place au sein de la Haute école verviétoise. Une dizaine d’enseignants, impliqués de près ou de loin dans le projet, y participe. "Ils ont reçu en amont une formation de douze jours, dispensée par des professionnels de la créativité. Cette formation était à la fois théorique et pratique, avec des cours sur le fonctionnement du cerveau dans le processus créatif, des mises en scène et des simulations d’exercices créatifs pour les enfants. Ils ont aussi pu faire des visites de terrain, d’espaces de co-working et de co-création, et rencontrer des enseignants européens qui ont lancé des projets créatifs", précise Marie-Agnès Boxus.

Toutes les matières sont concernées

Une petite centaine d’étudiants de 1re, 2e et 3e années de bachelier Instituteur primaire, eux, voient la pensée créative s’immiscer dans leurs cours. En 1re, ce sont des activités de sensibilisation qui sont organisées. "Au cours de maîtrise de la langue, des exercices oraux et écrits sont proposés sous forme de jeux. En géographie, ils ont des activités de carte mentale, de création de métaphores, de mots croisés. En philosophie et histoire des religions, on utilise par exemple des ressources artistiques, plastiques et musicales, pour illustrer des concepts philosophiques", indique la coordinatrice.

En 2e, le programme créatif s’étoffe. Les futurs instituteurs sont notamment amenés à introduire des techniques créatives dans la réalisation de projets. "Et dans les cours d’arts plastiques, de géographie, de français et de musique, les leviers de la créativité sont observés par le biais d’œuvres d’artistes peintres ou plasticiens, de poètes ou de musiciens. Les supports culturels sont essentiels. Il ne peut y avoir de créativité si les connaissances culturelles ne sont pas acquises", ajoute Marie-Agnès Boxus. Et en dernière année, l’accent est principalement mis sur la préparation du TFE et des stages, en y incorporant une bonne dose d’inventivité.

Curiosité et satisfaction

Moins de six mois après le lancement du laboratoire créatif, comment réagissent les étudiants et les professeurs impliqués ? "Pour les étudiants, ce projet, c’est un tourbillon d’informations. Ils sont ravis. On constate une curiosité et un intérêt de leur part, surtout depuis la livraison des tablettes numériques dont déjà huit sont en prêt. Ils font preuve de beaucoup de patience car leur horaire de cours a subi de grosses perturbations. L’équipe est très satisfaite et motivée, même si on essuie encore les plâtres", signale Marie-Agnès. Si le projet s’avère concluant, nul doute que l’expérience du laboratoire créatif sera prolongée à la Haute école Charlemagne.
Isabelle Lemaire
La Libre. Publié le dimanche 23 mars 2014

http://www.lalibre.be/debats/opinions/la-creativite-se-cultive-en-labo-532efedb35709734f4188485