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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

Le célibat des prêtres
Article mis en ligne le 17 septembre 2022

Le passionnant documentaire d’ARTE sur les prêtres qui ont renoncé à respecter l’obligation de célibat, “Célibat des prêtres : le calvaire de l’Église”, diffusé ce mardi 13 septembre 2022, (disponible en replay jusqu’au 13 novembre), me donne l’occasion d’un petit tour d’horizon du côté de l’Eglise catholique.

Les témoignages recueillis évoquent que c’est un phénomène important. Le manque de prêtre et les nombreux départs posent de gros problèmes à l’Eglise, qui s’ajoutent aux questions bousculantes du moment, comme les questions d’abus sexuels, des prêtres pédophiles ou des religieuses abusées où les mauvais traitement infligés aux enfants des peuples des premières nations.

C’est l’occasion pour moi de faire un tour du côté de Gabriel Ringlet, de Anne Soupa, qui a défié l’Eglise, suivie par sept autres femmes, en postulant à des fonctions qui leur sont interdites dans l’Eglise catholique.

Difficile à retrouver, diffusé il y a quelques mois un étonnant documentaire sur les femmes évêques dans l’Eglise catholique (dissidente) aux Etats-Unis.

1. Le documentaire d’Arte, évoque aussi les évêques mariés de “l’Église catholique universelle renouvelée”, au Kenya.

Commençons par celui-là.

Le père Njogu a été officiellement excommunié par le Vatican quelques mois plus tard et a rejoint l’Église catholique universelle renouvelée en tant qu’évêque après avoir été consacré par l’ancien archevêque zambien Emmanuel Milingo. L’Église dissidente en désaccord avec Rome permet aux prêtres de se marier et de continuer à exercer leur ministère. Le père Njogu épousa plus tard Berith Karimi Njogu, sa copine de longue date.

Le père Njogu a depuis rencontré des prêtres au grand séminaire du Christ-Roi à Nyeri et dans tout le pays pour les inciter à abandonner le célibat sacerdotal, à rejoindre le groupe dissident et à se marier s’ils le souhaitent.

« Je leur dis de vivre leur vie parce que le célibat n’est pas biblique et qu’il ne sanctifie pas la prêtrise », a déclaré le père de trois enfants, âgé de 55 ans et enseignant à l’université Kenyatta de Nairobi. « Il y a une énorme différence entre le célibat et l’appel à la prêtrise. Le célibat sacerdotal devrait devenir facultatif pour encourager plus de jeunes à adhérer à la prêtrise. »

L’Église catholique universelle renouvelée

Sa campagne a donné des fruits. L’Église catholique universelle renouvelée compte plus de quinze prêtres qui ont abandonné le célibat sacerdotal et se sont mariés. L’Église a des diocèses à travers le Kenya, et plusieurs de ses prêtres ont préféré quitter l’Église catholique.

Le père Njogu a déclaré qu’il avait décidé de créer une Église catholique alternative pour aider les prêtres à cesser de pécher parce que la plupart « étaient fatigués de faire semblant ».

Récemment, le père Njogu, maintenant archevêque de son Église, a ordonné trois prêtres mariés qui avaient été auparavant membres de l’Église catholique.

Pour sa famille

Le père Mathew Theuri, âgé de 70 ans, a déclaré qu’il était fatigué de prétendre être célibataire et a décidé de se marier pour sauver sa famille, qu’il cachait par peur d’être excommunié. Il vit maintenant ouvertement avec sa famille et il a dit pouvoir servir librement Dieu.

« J’ai décidé de me marier parce que je ne voulais pas que mes enfants continuent à souffrir. Je suis heureux car on m’a donné une autre chance de servir Dieu », a-t-il déclaré.

Certains prêtres catholiques romains ont déclaré que la question du célibat était toujours un grand défi pour de nombreux membres du clergé au Kenya et dans le monde. Un prêtre qui a demandé à ne pas être nommé a dit que si on leur en donnait la chance, beaucoup de prêtres choisiraient aussi de se marier.

« C’est un défi pour nous, mais nous continuons à prier », a-t-il déclaré. « De nombreux prêtres souhaitent avoir des familles et des enfants, mais ils sont incapables de le faire. Certains regrettent même d’entrer dans la prêtrise et d’autres continuent de se marier en secret. »

Le père Njogu affirme que de nombreux prêtres l’appelaient pour exprimer son intérêt à rejoindre l’Église catholique universelle renouvelée. Il a ajouté que certains des hommes avec lesquels il avait parlé avaient peur de quitter l’Église catholique à cause des privilèges inhérents à la prêtrise, tels que le logement, les véhicules et la sécurité de l’emploi.

« J’ai rencontré beaucoup de prêtres qui sont prêts à nous rejoindre et je vais les accueillir bientôt », a-t-il affirmé. « Beaucoup continuent à vivre dans le déni. Il n’est pas divin de nier les droits des pères et bientôt ils viendront dans mon Église. »

Doreen Ajiambo

https://presence-info.ca/article/societe/des-pretres-kenyans-changent-d-eglise-pour-pouvoir-se-marier/


2. Des évêques mariés deviennent prêtres catholiques.

Evoqué aussi dans le documentaire d’Arte : ces derniers mois, trois évêques anglicans ont pris la décision de quitter leur confession pour rejoindre l’Église catholique.

Trois conversions d’ecclésiastiques anglicans à l’Église catholique ont été célébrées samedi à Londres, dans la cathédrale de Westminster, en même temps qu’à Rome le Vatican annonçait la création d’un « ordinariat », pour cette « Église dans l’Église ». Des diocèses de ce type sont attendus, ailleurs dans le monde, pour d’autres anglicans qui refusent de voir des femmes dans le clergé ou des unions homosexuelles.

Renonçant à leur charge épiscopale, ces ecclésiastiques sont devenus prêtres catholiques. L’Église romaine, a rappelé le Vatican, n’a pas d’évêques mariés (c’est aussi le cas de l’Église orthodoxe), mais par exception, elle accepte des prêtres déjà mariés.
Si les trois dignitaires n’avaient pas été mariés, ils auraient pu rester évêques au sein de l’Église catholique. Et à l’avenir, des anglicans ne pourront devenir évêques catholiques que s’ils sont célibataires ou veufs, le divorce n’étant pas admis chez les catholiques.

Séparée de Rome depuis 1534, mais conservant l’essentiel du dogme catholique, l’Église d’Angleterre a résolu, en 1992, d’accepter des femmes comme prêtres. Dès lors, des anglicans avaient commencé de passer au catholicisme. Cette dissidence s’est creusée avec l’acceptation des unions homosexuelles.

Comment une Église qui, par principe, ne veut pas de femmes dans son clergé, peut-elle dialoguer avec celle d’Angleterre, où les femmes forment maintenant près du tiers du clergé ?

L’archevêque de Westminster, Vincent Nichols, primat de l’Église catholique d’Angleterre et du Pays de Galles, présidait la cérémonie. Il a vu dans cette journée « une occasion unique marquant un nouveau pas dans la vie et l’histoire de l’Église catholique ». Chez les catholiques, pourtant, tous ne se seront pas réjouis de ces conversions.

Des anglicans du Canada, apprend-on, pourraient eux aussi, si ce n’est déjà fait, présenter une demande d’ordinariat.

Le redressement au sein des Églises chrétiennes de conceptions jugées archaïques et injustes pour les femmes et les personnes homosexuelles aura provoqué de nouveaux conflits internes et ajouté aux tensions entre elles.

On prête à Augustin, un évêque d’Afrique du Ve siècle, le conseil de discernement suivant : « Dans l’essentiel, l’unité ; dans le doute, la liberté ; en toute chose, la charité ». Peut-être l’ère est-elle venue de faire place à des principes reposant aussi sur la primauté de la conscience et le respect de la diversité.

Jean-Claude Leclerc
redaction chez ledevoir.com 17 janvier 2011

https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/314814/conversion-dans-l-eglise-quand-des-eveques-maries-deviennent-pretres-catholiques


3. Le célibat des prêtres

Rémi Bénichou coréalisateur avec Éric Colomer précise les modalités de cette enquête sur le non-respect des prêtres de leur célibat à travers le monde et la conséquence sur leur vie affective, en évoquant notamment la situation des enfants issus de ces unions

On s’est limité à trois continents, l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Afrique et neuf pays, avec à chaque fois des situations et des thématiques différentes. On aurait pu aller aussi en Amérique latine et dans un pays comme les États-Unis. Bien entendu, nous avons pris des exemples en Allemagne, pas seulement en raison de la diffusion sur Arte. Mais aussi parce que l’Église catholique allemande est incontournable, dans la mesure où un certain nombre de fidèles s’investit beaucoup sur cette thématique en lançant par exemple des pétitions pour faire évoluer la doctrine. Nous sommes aussi allés en Suisse, pour aborder la question des prêtres mariés qui viennent d’autres Églises chrétiennes, avec des prêtres orthodoxes, mais on aurait pu se rendre également en Angleterre pour interroger des prêtres issus de l’anglicanisme.

Le thème de ce documentaire porte sur des situations cachées. Par définition, il n’est donc pas possible de collecter de chiffres exacts, mais seulement des estimations. Mais effectivement les témoignages recueillis évoquent que c’est un phénomène important. Ainsi tel prêtre explique que 90 % des personnes avec qui il était au séminaire dans les années 1980 ne respectent pas son célibat. Le père Pierre Blanc lors d’un grand pèlerinage de prêtres en provenance du monde entier atteste que 95 % des clercs confessés évoquaient des problèmes affectifs et sexuels.

Nous avons également interrogé sœur Marie-Paul Ross, une Canadienne qui a effectué une thèse de doctorat sur ce sujet en enquêtant sur les cinq continents et confirme ces ordres de grandeur. Mais au-delà de l’évaluation chiffrée, nous avons surtout voulu montrer que cela générait beaucoup de souffrance, y compris chez les enfants issus parfois de ces unions.

Vous soutenez aussi que l’Église catholique s’arrange souvent de ces situations tant qu’elles ne sont pas connues…

En effet, quand un évêque demande à un prêtre de partir, c’est que le grand public est au courant et qu’il n’a pas d’autre choix. Mais face à la crise des vocations, notamment en Europe et en Amérique, certains évêques sont souvent prêts à faire des arrangements, tant que cela ne se sait pas, pour garder leurs « troupes ».

C’est l’occasion d’approfondir quelque peu la position délicate du Pape François.


4. Ordination d’hommes mariés : la méthode François

Interrogé par la journaliste française de Paris Match Caroline Pigozzi sur le célibat des prêtres, le pape a formulé une réponse toute en nuances – certains diront « jésuite ».

“Est-il possible de penser que, dans l’Église catholique, en suivant le rite oriental, vous permettrez à des hommes mariés de devenir prêtres ?”, a demandé Caroline Pigozzi. La question portait donc sur l’ordination d’hommes déjà mariés, et non sur la possibilité, pour des prêtres déjà ordonnés, de se marier

Le vrai débat au sein de l’Église se situe en effet sur la première hypothèse, l’ordination d’hommes mariés ayant fait leurs preuves au plan humain et pastoral, appelés viri probati.

La possibilité, pour des prêtres déjà ordonnés, de se marier, est écartée de façon beaucoup plus ferme. “Dans l’Église catholique, dans le rite oriental, ils peuvent le faire, et ont fait l’option, célibataire ou marié – avant le diaconat”, s’est tout d’abord contenté de répondre François. Dans l’Église catholique orientale, il est en effet possible d’ordonner prêtres des hommes déjà mariés, mais il n’est pas question que des hommes ordonnés puissent convoler.

Sa première déclaration sur le sujet date du 25 mai 2014, lors d’une conférence de presse dans l’avion qui le ramenait de Terre sainte : “Le célibat est une règle de vie que j’apprécie beaucoup, et je crois que c’est un don pour l’Église. Comme ce n’est pas un dogme de foi, la porte est toujours ouverte.” Mais désormais, le message est clair : le célibat optionnel dans l’Église catholique de rite latin, c’est non.

Quoique…

Le pape François veut-il des prêtres mariés ?

Le brésilien Leonardo Boff, théoricien de la théologie de la libération, s’attend à ce que le pape restaure dans leur ministère les prêtres qui se sont mariés. Info ou intox ?

« Les évêques brésiliens l’ont formellement demandé au pape », a affirmé Leonardo Boff au quotidien allemand Kölner Stadt-Anzeiger, le 25 décembre 2016. Il s’agirait de restaurer les prêtres qui se sont mariés dans leurs missions sacerdotales pour résoudre le problème de la pénurie des prêtres dans certaines régions du Brésil. Le pape répondrait positivement à cette demande, au moins pour une phase expérimentale au Brésil.

Pour le moment, l’Église catholique est stricte : les prêtres qui se sont mariés ou qui ont décidé de vivre publiquement avec une femme sont systématiquement réduits à l’état de laïc – c’est à dire qu’ils ne peuvent plus exercer leurs fonctions sacerdotales – même s’ils restent ontologiquement prêtres à vie.

Leonardo Boff

le théologien de la libération (Ancien prêtre franciscain, Leonardo Boff est l’un des pères fondateurs de la théologie de la libération) a aussi déclaré :
“En même temps, il s’agirait d’une impulsion pour que l’Église catholique supprime le fardeau du célibat obligatoire”, car pour lui, “il n’est pas étonnant que les fidèles se rendent en masse chez les évangéliques et les pentecôtistes pour combler ce vide d’accompagnement (spirituel)”.

Mais le pape ne s’est pas arrêté là, rouvrant alors le débat sur une autre solution possible : “Il resterait seulement quelques possibilités dans les lieux les plus éloignés – je pense aux îles du Pacifique… Mais c’est une chose à penser quand il y a une nécessité pastorale, là, le pasteur doit penser aux fidèles.” François a alors cité le livre de l’évêque allemand Fritz Lobinger (évêque missionnaire catholique d’Aliwal en Afrique du Sud de 1987 à 2005), Prêtres pour demain, avant d’insister, prudent : “C’est une chose en discussion entre théologiens, ce n’est pas ma décision.”

Et François de conclure, toujours aussi prudent : « je crois que le problème doit être ouvert dans ce sens, là où il y a un problème pastoral de manque de prêtres. Je ne dis pas que cela doit se faire, parce que je n’ai pas réfléchi, je n’ai pas prié suffisamment sur cela. Mais les théologiens doivent étudier. »

À l’approche du synode sur l’Amazonie, dans le document préparatoire du synode rendu public le 8 juin 2018 une seule phrase, elliptique, semblait faire référence aux viri probati, sans jamais les nommer : « Il faut repenser de nouveaux chemins pour que le peuple de Dieu ait plus fréquemment un meilleur accès à l’eucharistie, centre de la vie chrétienne. » Le document encourageait davantage à faire appel aux laïcs, et notamment aux femmes, invitant à « discerner le type de ministère officiel qui peut être conféré aux femmes » , en tenant compte de leur « rôle central joué aujourd’hui (…) dans l’Église amazonienne ».

La décision ne sera peut-être pas prise sous son propre pontificat. En revanche, l’idée est semée…


5. Voir l’article "Gabriel Ringlet, franc-prieur catholique"

Alors, pour suivre, voilà un petit tour du côté de Malèves-Sainte-Marie, dans le Brabant Wallon, et de Gabriel Ringlet.


6. Voir l’article "Anne Soupa, l’écrivaine qui a défié l’Eglise catholique"