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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

Extraits du livre "Prospérité sans croissance"
un livre de Tim JACKSON
Article mis en ligne le 4 mars 2011
dernière modification le 25 juillet 2013

La transition vers une économie durable
Etopia et De Boeck, 2010

Le livre, passionnant et incontournable, en est à son 4ème tirage (2011).
Il est préfacé à la fois par Mary Robinson et Patrick Viveret, pour l’édition française.

Je vous propose quelques extraits.

Dans mes Coups de coeur (Livres), je vous en présente la couverture du livre, et dans traces du futur, un extrait de la préface de Patrick Viveret sur "les deux métiers de chacun". A méditer...

Tim Jackson

LA PROSPéRITé SANS CROISSANCE

"Bien entendu, si la crise économique actuelle indique réellement (comme le prédisent certains) la fin d’une ère de croissance facile, du moins pour les pays avancés, alors les préoccupations exprimées dans ce livre deviennent doublement pertinentes. La prospérité sans la croissance est un tour très utile à garder sous le coude lorsque l’économie vacille.

L’inconfortable réalité est que nous sommes confrontés à la fin imminente de l’ère du pétrole bon marché, à la perspective d’une hausse régulière des prix des matières premières, à la dégradation de l’air, de l’eau et des sols, à des conflits autour de l’affectation des terres, des ressources et de l’eau, des forêts et des stocks de poissons, ainsi qu’au défi considérable de stabiliser le climat mondial. Et nous sommes confrontés à ces tâches alors que notre économie est fondamentalement brisée et qu’elle a désespérément besoin de renouveau.

Dans de telles circonstances, un retour au business as usual n’est pas envisageable. La prospérité pour un petit nombre, fondée sur la destruction écologique et l’injustice sociale persistante, ne saurait constituer le fondement d’une société civilisée.

(...) Mais la crise économique actuelle nous offre une occasion unique d’investir dans le changement. De balayer la pensée court-termiste qui a gangrené la société depuis des décennies. De la remplacer par une politique réfléchie capable de s’attaquer à l’immense défi d’une prospérité durable.

Car, en fin de compte, la prospérité va au-delà des plaisirs matériels. Elle transcende les préoccupations matérielles. Elle touche à la qualité de nos vies ainsi qu’à la bonne santé et au bonheur de nos familles. Elle est présente dans la force de nos relations et notre confiance en la société. Elle est attestée par notre satisfaction au travail et notre sens d’une destinée commune. Elle est fonction de nos possibilités de participer pleinement à la vie de la société.

La prospérité consiste en notre capacité à nous épanouir en tant qu’êtres humains - à l’intérieur des limites écologiques d’une planète finie. Le défi pour notre société est de créer les conditions dans lesquelles cela devient possible. C’est la tâche la plus urgente de notre époque.

(p. 32)

PREFACE DE MARY ROBINSON
(extraits)

Dans un monde de près de 6,7 milliards d’habitants, il en demeure 4 milliards qui vivent sans ces droits fondamentaux. Au milieu du siècle, lorsque la population mondiale aura atteint les 9 milliards estimés, ce seront encore bien plus d’êtres humains qui vivront dans la pauvreté si la distribution planétaire de la richesse demeure à ce point asymétrique.

Au fil de ce livre provocant et qui tombe à point nommé, Tim Jackson interroge la signification de la prospérité dans un tel monde, et l’idée selon laquelle la croissance économique constituerait l’unique voie d’accès à cette prospérité. Personne ne nie que le développement économique est essentiel à l’amélioration de la satisfaction des besoins de base dans les pays les plus pauvres mais la contribution fondamentale de Jackson consiste à remettre en question le préjugé qui voudrait que la croissance continue de la consommation, sans égard aux questions d’équité et de soutenabilité, puisse vraiment assurer la prospérité de chacun. La question au cœur de ce livre est essentiellement une question de justice sociale.

Tim Jackson nous invite à regarder- au-delà des conceptions habituelles du progrès social, et à affronter les défis économiques du futur. Certains de ces défis sont déjà anciens : comment assurer le droit de chacun à un niveau de vie décent, au logement, à la santé, à la nourriture, l’emploi, la vie de famille et la sécurité économique ? D’autres sont moins familiers mais tout aussi urgents. Les dangers du changement climatique, de la déforestation accélérée, des pénuries à venir en eau, nourriture et énergie constituent autant de menaces urgentes pour l’existence des êtres humains partout sur la planète. Ce seront inévitablement les pauvres et les personnes les plus vulnérables qui en souffriront le plus.

Que peut bien signifier la prospérité dans un monde de 9 milliards d’habitants vivant sous la menace du changement climatique et de la pénurie des ressources ? Une chose est absolument claire : ça ne peut pas signifier « business as usual ». Ça ne peut pas signifier « un peu plus de la même chose ». Même si la crise économique mondiale actuelle devait « s’en aller », l’idée que nos systèmes et nos politiques économiques du jour puissent résoudre les problèmes de demain ne paraît pas crédible.

Les droits de l’homme et la prospérité sont intimement liés. La DUDH demeure un programme fondamental pour une prospérité qui ait du sens. Une économie nouvelle et adaptée à cet objectif constitue un ingrédient indispensable à la réalisation de cette promesse. J’ai l’espoir que les idées importantes que ce livre recèle contribueront à cette tâche.

Mary Robinson
Présidente de Realizing Rights : The Ethical Globalization Initiative
Haut-Commissaire de l’ONU aux Droits de l’Homme (1997-2002)
Présidente irlandaise (1990-1997)