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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

2.1 Evocation des questions du moment (prévention, traitement et vaccin) avec le Dr Gala

"Sans réponse immunitaire suffisante, difficile d’avoir un vaccin extrêmement efficace contre le coronavirus"
Publié le 18-04-20

Article mis en ligne le 4 juillet 2020
dernière modification le 5 septembre 2020

Professeur à l’UCLouvain, chef de clinique à St-Luc et spécialiste des maladies infectieuses, le Dr Jean-Luc Gala est un habitué des terrains épidémiques (Ebola notamment).
L’évocation des questions du moment (prévention, traitement et vaccin) et les innombrables rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux date du 18 avril.
Etonnant d’actualité et de justesse.
En voici de nombreux extraits.

https://larcenciel.be/IMG/png/dr_gala_cle0fd23c.png

Le port du masque dans les espaces publics, votre credo, est conseillé. Faut-il le rendre obligatoire ?

Non, je ne défends pas les mesures liberticides, il faut au contraire marteler les avantages incontestables du port du masque. Au lieu de contraindre, il faut convaincre. Obliger, c’est stupide et contre-productif. La société est devenue mature face aux risques. La plupart des citoyens en fabriquent, en distribuent et en portent sans avoir attendu l’avis des autorités ou des experts. Le port du masque comme moyen de protection est tellement logique, incontestable, qu’il est adopté sans obligation. Il a démontré son efficacité redoutable pour diminuer le taux de mortalité dans d’autres pays. À Hong Kong, on dénombre à peine 4 morts sur 8 millions d’habitants. Quel gouffre entre ces chiffres et ceux de la Belgique…

Uniquement grâce aux masques ?

À Hong Kong, la population avait une mémoire collective d’une protection collective à travers le port du masque. C’est une mesure simple, peu coûteuse.

Notre gouvernement pensait à tort qu’il devait les fournir, alors qu’il voulait logiquement réserver les masques professionnels aux soignants. Il suffisait de montrer comment faire soi-même des masques en tissu. On a manqué l’occasion d’éduquer et de former le citoyen en lui expliquant les avantages du masque et la manière de le porter correctement. Enfin, la Première ministre cite le port du masque parmi les mesures de protection.

A-t-on minimisé la contagion par aérosol (postillons ou microgoutelettes en suspension) en affirmant que 1,5 mètre était la distance à respecter ?

Absolument, ce mètre et demi symbolique ne repose sur rien du tout ! On ne sait même pas d’où sort cette donnée. La contagion par aérosol est bien plus complexe que ce que certains experts ont bien voulu dire. Des études très sérieuses (Nasa…) démontrent les modèles de dispersion des aérosols produits par les personnes affectées qui peuvent – selon les conditions environnantes – se propager à plus de 7-8 mètres de distance. Il est très naïf de penser pouvoir contenir un coronavirus en imposant seulement une distanciation sociale. C’est mal connaître la complexité de la contagion par aérosol.

Le confinement de la population, de plus en plus critiquée, est-il incontournable ?

Dans la mesure où nous n’avions pas d’arme pour le contourner, oui. Avec le port du masque individuel et la mobilisation de tous les laboratoires pour dépister massivement les citoyens, on aurait sans doute pu avoir une approche plus légère. Malheureusement, nous n’avons pas pu nous reposer sur ces deux vecteurs majeurs du contrôle de toute pandémie.

Quelle est votre école : l’immunité collective ou l’éradication totale du virus ?

Aucune de deux ! C’est franchement faire preuve d’une naïveté époustouflante que de croire en l’immunité collective face au coronavirus. On n’est absolument pas dans un modèle variole ou d’immunité à vie. Nous observons d’énormes problèmes à la création d’une immunité collective. L’immunité semble faible et courte dans le temps (quelques mois au mieux). De plus, on observe que des patients guéris ne développent pas d’immunité. Ne fondons aucun faux espoir sur l’immunité, car il reste encore énormément de questions scientifiques sans réponse…

Mauvaise nouvelle pour le vaccin ?

Oui, car un vaccin est la reproduction du virus que l’on va exposer aux cellules protectrices d’un patient de manière sécure afin qu’il développe des anticorps neutralisants et protecteurs. Donc, si le virus ne provoque pas une réponse immunitaire suffisante, on ne risque pas d’avoir un vaccin extrêmement efficace, ni de remède miracle.

La perspective d’un confinement prolongé inquiète. Peut-on espérer un vaccin avant le printemps 2021 ?

Non, il n’y a aucune chance d’avoir un vaccin avant mi-2021, car un vaccin doit obligatoirement suivre des étapes incontournables sur sa capacité à stimuler l’immunité, parfois à plusieurs reprises. Puis, il faut pouvoir le comparer entre un groupe qui est vacciné et un qui ne l’est pas. En pleine pandémie, il n’est pas éthique d’accepter d’avoir un groupe-contrôle qui risque sa vie sans traitement. Cela complique considérablement le développement d’un vaccin.

Sur le terrain, la pénurie en matériel de protection (masques et blouses) est-elle concrètement solutionnée ?

La pénurie dans les homes reste extrêmement problématique. Malgré le dévouement, ce secteur n’est pas habitué à devoir gérer des phénomènes infectieux de ce type. Nous aurions dû collectivement prévoir qu’il allait être douloureusement atteint.

Les réseaux sociaux regorgent de théories en tous genres sur la maladie et son traitement…

Méfions-nous comme de la peste des théories conspirationnistes, des médecins qui se tromperaient sciemment ou des esprits brillants qui auraient immédiatement trouvé le remède. Comme mes collègues, je suis un scientifique pragmatique qui avance avec des données évidentes et prouvées. Je ne sors pas de ce cadre-là, tout en restant critique sur ce qui se fait. C’est la seule manière de servir la population.