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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
Slogan du site

"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

Edito du n° 50, nov. 2003
Article mis en ligne le 11 octobre 2008
dernière modification le 30 janvier 2011

édito

Fin du 19ème siècle. Trois fillettes aborigènes s’échappent de la prison "blanche et pure" de l’Australie puritaine. "Rabbit-Proof Fence" raconte leur périple. Le film est très beau, subtil, sans haine et riche d’une grande humanité, tout en étant fort interpellant. L’histoire de ces trois enfants témoigne d’une farouche volonté de s’en sortir et d’une rare intelligence, de celle qui n’est pas mesurée par nos QI mais fait partie de ces compétences ou "intelligences multiples" non prises en compte par notre culture, ni par l’école qui, encore trop souvent valorise la rationalité "cerveau gauche" au détriment des potentialités "cerveau droit" considérées comme des talents accessoires...

Ici, les trois gamines déjouent tous les pièges des adultes, blancs donc "intelligents", et dotés de grands moyens de recherche. C’est jubilatoire. Et ça fait aussi réfléchir... Des centaines de milliers d’hommes et de femmes vivent encore aujourd’hui blessé(e)s par ce qu’on leur a infligé au nom de notre civilisation, "chrétienne" ou "républicaine". Autant savoir que nous portons dans nos cellules nerveuses la trace, l’histoire et le poids de tout ce que nos ancêtres ont fait de bien et de mal, ont réalisés ou perpétrés au fur et à mesure des générations qui nous ont précédées. « La vie est née dans la violence. Sur la tête de chacun de nous pèse la malédiction ancestrale de cinquante millions de meurtres. » écrit HERBERT GEORGE WELLS, (dans "Monsieur Britling commence à voir clair"). Je crois à ce poids des générations que nous portons chacun sur nos épaules, et nous mène souvent à des comportements (inconscients) de réparation, tantôt bien utiles, voire héroïque, tantôt délirants ou dramatiquement répétitifs. Je ne parle pas de culpabilité, mais de responsabilité qu’il convient d’assumer, grâce à ces prises de consciences (successives, car on n’atteindra jamais le bout) que des livres, des spectacles ou des films forts comme celui-ci nous feront faire. Savoir qu’il serait assez hypocrite d’afficher notre conviction d’être dans le bon droit et le bon chemin, dans une sorte d’éthique sérénité, mais en même temps accepter ce que nous sommes, tout en sachant qu’on progresse sur un chemin de croissance vers plus d’humanité.

Ces assimilations brutales mise en place à la fin du 19ème siècle en Australie avec les enfants aborigènes, ou au Canada avec les enfants Inuits mis de force dans les couvents, ou aux Etats-Unis avec les "Premières Nations", et sans doute ailleurs aussi, ces comportements-là appartiennent-ils définitivement au passé ? Peut-être que le niveau de conscience de l’humanité à progressé, qu’il y a des choses que l’opinion publique n’accepterait plus. Une mise à mort par lapidation au Nigéria a suscité des millions de réactions dans le monde. Et pour que la guerre de Bush contre l’Irak puisse avoir lieu et être acceptée par l’opinion publique, il a fallu des mensonges, qui sortent au grand jour maintenant que le mal est fait.

En survolant l’actualité de ces derniers mois, je vois ces opinions publiques, notamment en France, marcher à coup de réactions émotionnelles. Il a fallu quelques milliers de personnes âgées de trop qui meurent cet été pour que les gens se rendent compte qu’il y a un problème et qu’il y a quelque chose à changer. Il faut qu’une maman abrège le martyr de son fils sourd, aveugle et paralysé pour que tout le monde s’émeuve et que la classe politique sorte de sa torpeur à propos de la mort douce dite "euthanasie". Il a fallu des gigantesques incendies de forêt ou des inondations à répétition pour qu’on réfléchisse à comment gérer les reboisements, ou qu’on repense les implantations anarchiques de l’habitat. On va enfin de dire qu’on a trop joué avec les lois de la nature... Mais les lois des affaires sont si fortes...

En fait, l’homme s’est cru très fort, très au dessus des lois naturelles. Conduit avec aveuglément par son "cerveau gauche", sa rationalité hypertrophiée qu’il a cru toute puissante, le voilà face à une nature rebelle. Ne serait-ce pas cette éducation hyper-rationnelle qui serait en cause ?

***

Il y a tant et tant de choses à faire pour rendre ce monde un peu plus humain, alors qu’il nous faut commencer par nous rendre nous-mêmes plus humain, car il y a tellement de façon de se maltraiter soi-même qu’il est urgent de penser à une médecine des émotions, c’est un éminent docteur, David Servan-Schreiber, qui nous le rappelle (p. 25), et qu’il est urgent.aussi de penser à l’éducation des petits enfants. Aviez-vous pensé qu’il pourrait y avoir un lien entre l’allergie de l’enfant et sa rébellion ? C’est en tout cas ce qu’avance un médecin de la mouvance anthroposophe, dans la revue Weleda (p. 19 et 20).

Nous parlons encore des enfants, les pauvres, qui ne peuvent plus "chatter" comme ils voulaient : vous trouverez quelques réflexions à ce sujet, p. 21 et 22. Et puis à Buzet, l’Education Nouvelle continue à tracer son chemin (p.26), mais aussi à la Libre école Rudolf Steiner de Court St Etienne (p. 28) . On pourrait même commencer très tôt à donner un bon départ dans la vie : Huguette Spriet, musicienne, lance une association "Spirale" où elle pratique le chant prénatal et le chant familial (p. 28). Je vous la recommande. Et je vous donne aussi des nouvelles de la formation des Maternelles au Rwanda cet été 2003 (p. 7).

Et puisque nous sommes dans la Semaine du commerce équitable, et que St Nicolas n’est plus très loin, je vous propose les 10 suggestions d’Oxfam dans "jouez futé" (p.6).

Revenons au monde des adultes, en commençant par une jeune fille qui nous parle du "Dao" qu’elle a découvert en Chine (p. 8 et 9). "L’OMC tue" disaient les calicots des manifestants sud-coréens à Cancun après le suicide le Lee Kyang Hae. Essayons de comprendre. (p.11 et 12). Je vous parle aussi de INDP, une association qui jette des ponts entre l’Inde et l’europe (p. 26)

Le Moyen-Orient se rappelle quotidiennement à nous. Il est pour moi un des noeuds gordiens de notre civilisation (qui est peut-être plus qu’on ne croit arabo-judéo-chrétienne) Cette fois, deux évènements m’ont interpellé : les pilotes de l’armée israélienne qui se rebiffent (p. 15 et 16) et Emile Shoufani qui à emmené avec lui à Auschwitz en mai dernier des Juifs et des Arabes venus d’Israël, de Belgique, de France... afin qu’ils tentent de se reparler. (p. 17). Enfin, un petit mot sur le scandale du Sida qu’on ne peut soigner dans les pays pauvres parce que l’industrie pharmaceutique s’y oppose pour conserver ses bénéfices. Avec une lueur d’espoir, encore bien ténue. L’opinion publique ne supportera pas ce genre de choses indéfiniment.

Ouf ! pour pacifier tout cela, il y a de-ci de-là des paroles de calme et de sagesse, un interview du chanteur Jean-Louis Murat, des nouvelles du Mandala, outil de croissance, avec un très beau livre qui vient de paraître en plusieurs langues, doté d’une superbe iconographie (400 illustrations). Et vous rencontrerez aussi de temps à autre, Calvin et son inséparable tigre, et quelques autres surprises.

Ah oui, j’allais oublier : l’ARC EN CIEL va continuer.

Je fête aujourd’hui son 50ème numéro. A raison de quatre par an, cela fait douze ans et demi, la moitié d’un quart de siècle ! Beaucoup de monde me dit de continuer, car on aime la diversité de l’Arc en ciel, et on y trouve chaque fois, me dit-on, aliments pour la réflexion. Alors oui, je continue encore quelques numéros, l’année 2004 par exemple... Si vous vous réabonnez ! Oui, faites-le, dès maintenant, pour 2004. Cela me facilite la vie. (...)

Merci d’en parler autour de vous, et de me donner des avis, des idées, de m’envoyer des pistes, des sources, ou des articles. Pour cela, pensez à mon e-mail, que j’ouvre chaque soir (...)

Michel Simonis