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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
Slogan du site

"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

MASARAT* Palestine
* "Chemins, itinéraires, parcours"
Article mis en ligne le 23 octobre 2008
dernière modification le 22 avril 2012

J’ai trouvé que la terre était fragile, et la mer, légère ; j’ai appris que la langue et la métaphore ne suffisent point pour fournir un lieu au lieu. La part géographique de l’Histoire est plus forte que la part historique de la géographie. N’ayant pu trouver ma place sur la terre, j’ai tenté de la trouver dans l’Histoire. Et l’Histoire ne peut se réduire à une compensation de la géographie perdue. C’est également un point d’observation des ombres, de soi et de l’Autre, saisis dans un cheminement humain plus complexe. L’Histoire a éveillé en moi le sens de l’ironie. Ce qui allège le poids du souci national. On s’engage ainsi dans un voyage absurde. Est-ce là simple ruse artistique, simple emprunt ? Est-ce, au contraire, le désespoir qui prend corps ? La réponse n’a aucune importance. L’essentiel est que j’ai trouvé ainsi une plus grande capacité lyrique, et un passage du relatif vers l’absolu. Une ouverture, pour que j’inscrive le national dans l’universel, pour que la Palestine ne se limite pas à la Palestine, mais qu’elle fonde sa légitimité esthétique dans un espace humain plus vaste.

Mahmoud Darwish

A l’occasion de la saison artistique et culturelle MASARAT Palestine, d’autres voix, des images nouvelles, des sons inédits nous viennent de Palestine. Ils appellent un autre regard, une autre écoute. La Palestine qui sera présentée en octobre et novembre 2008 à Bruxelles, Mons, Charleroi, Liège, Namur… et partout en Communauté française est un pays méconnu, mal connu, voire inconnu ! Un pays à découvrir et à parcourir de manière inattendue à travers le prisme de ses artistes.

Pour la première fois en Communauté française, une ouverture s’opère vers des mondes artistiques issus d’un ailleurs pas si lointain, même tout proche, le Proche-Orient. Vaste invitation à découvrir des esthétiques multiples, expérimentales mais toujours politiques, et qui dégagent une incroyable vitalité. Présenter les dynamiques artistiques palestiniennes contemporaines, c’est aussi entrer dans l’histoire : car, que s’est-il passé, là-bas, dans les Territoires mais aussi dans la diaspora ou pour les "Palestiniens de ‘48" qui vivent en Israël, au tournant des années ’90, depuis les Accords d’Oslo, premier pas vers le "pays à venir" ? Comment l’activité artistique s’est-elle alors structurée et organisée ? Quels artistes ont émergé, se sont affirmés et dans quels lieux ?

MASARAT Palestine se veut comme un premier arrêt sur image pour cette histoire toute récente. Et où en est-on aujourd’hui, en 2008, alors que les Territoires sont toujours occupés, que la colonisation de la Cisjordanie progresse inéluctablement, que le mur ajoute aux divisions, coupe le paysage, oblitère le regard et que les check-points entravent toujours plus la mobilité quotidienne des habitants et … des artistes ? Qu’est-ce qui, pourtant, dans cette situation d’occupation, émerge là maintenant ?

MASARAT Palestine invite une toute nouvelle génération d’artistes urbains, des collectifs de jeunes graphistes (Zan Studio) ; des photographes et vidéastes (Idioms film) ; de musiciens (Watar, DAM…) ; des cinéastes et des écrivains, qui tous partagent engagement politique, humour et impertinence des formes… MASARAT Palestine défait et déconstruit les clichés qui nous habitent (télévisuels, journalistiques), voire même nos représentations les plus familières venues de la militance. Avec nos amis de Ramallah, les artistes, intellectuels et producteurs culturels du Comité Palestinien avec qui, tout au long de ces deux années, nous avons élaboré la saison, nous avons voulu en quelque sorte « sauter » par-delà le mur, motif omniprésent dans les œuvres d’aujourd’hui, qui se donne et s’impose comme l’image même de la réalité palestinienne, mais qui occulte tant d’autres réalités artistiques.

MASARAT Palestine se veut parcours et chemins pluriels, vaste processus d’échanges entre ici et là-bas : workshops, résidences, échanges d’artistes, formations jalonnent les chemins de cette saison durant deux ans. L’idée était simple : relier, mettre en relation, permettre les rencontres, les échanges et les collaborations, dans l’idée que le processus nous échappe et perdure bien au-delà de l’automne 2008. Tout en opérant un focus sur la production visuelle et plastique à travers la présentation de quelques grandes expositions, il s’agit également de franchir les frontières disciplinaires, de chercher dans tous les coins et recoins des pratiques artistiques palestiniennes les plus contemporaines et de mixer allègrement arts visuels, cinéma, littérature, débats et conférences, musiques, performances théâtrales et danse, dans des dispositifs multiples. De joindre, aussi souvent que possible, à la présentation des œuvres, le dialogue avec le public. Car MASARAT Palestine nous entraîne plus que jamais aux frontières, aux croisements féconds de l’art et du politique, de la création et de la pensée…

Arts visuels, cinéma, littérature, musique, arts de la scène, conférences, débats et tables rondes seront au programme aux Halles, à Bozar, au Musée de la Photographie de Charleroi, à la Maison Folie de Mons, au Théâtre de Namur et dans bien d’autres lieux !

MASARAT Palestine entend présenter et promouvoir les divers aspects du champ artistique palestinien d’aujourd’hui, qui témoignent d’un réel dynamisme et d’approches très actuelles.
 Les arts plastiques et visuels, pratiques plus récentes dans la culture palestinienne, dégagent une grande énergie en contact avec le monde extérieur.
 De même que le design, l’architecture et l’intérêt pour le patrimoine artistique et naturel… Cette vitalité imposait la mise en place de diverses expositions.
 En littérature, un grand nombre de jeunes auteurs palestiniens sont à découvrir et à traduire. Des éditions de nouvelles et de poésie sont prévues par la Promotion des lettres en Communauté française, en partenariat avec les éditions Actes Sud, ainsi que des résidences d’écriture (à Passa Porta) et de traduction (à Seneffe).
 Également au programme : des lectures et mises en voix et des temps forts, comme la venue du poète Mahmoud Darwich.
 En musique, divers concerts seront programmés à Bruxelles et en Communauté française. On pourra y entendre de grands interprètes et spécialistes de la musique arabe mais aussi les formes de musiques les plus actuelles : rap, hip hop, electro…
 Le cinéma est riche en productions de films. Une série d’entre eux seront donc présentés à Bruxelles et en Wallonie. Des cinéastes palestiniens de cette « jeune école documentaire » seront également invités.

Durant toute la saison, la Grande Halle des Halles de Schaerbeek, se transformera en "Bureau permanent de la Palestine" : espace de vie, de rencontres, d’informations, de visionnement, ouvert en permanence au public de passage. En complément de cette programmation, des conférences, des débats et des tables rondes accueilleront des intellectuels palestiniens aux Halles mais aussi dans d’autres lieux de la Communauté française.

Dès l’automne 2007, MASARAT [1] Palestine a engagé quantité d’allers-retours entre la Communauté française et la Palestine : le jeune artiste de Ramallah, Jamil Daraghmeh, a été hébergé durant trois mois à La Cambre Arts Visuels ; en décembre, les étudiants des sections paysage et développement de La Cambre Architecture sont partis à Ramallah pour un workshop avec leurs collègues étudiants de l’université de Bir Zeit. En novembre, de jeunes architectes palestiniens ont suivi un workshop Nouvelles technologies à Technocité à Mons. En décembre encore, les jeunes graphistes de Zan Studio ont occupé la Maison Folie de Mons avec leurs affiches politiques et leurs clips d’animation. Début février, la toute jeune école de cirque de Palestine était en tournée en Belgique avec leur spectacle Circus Behind The Wall. En mars, les étudiants de l’université de Bir Zeit sont venus à Bruxelles pour travailler avec les étudiants de la Cambre Architecture sur le thème de la réhabilitation urbaine autour de la Cage aux Ours à Schaerbeek. Auteurs palestiniens - Walid Alsheikh, Nathalie Handal et Bassem Nasir - sont attendus fin mars pour participer au projet de littérature Etre Belge ou Palestinien : une quête sarcastique d’identité, pour une première étape de travail avec les auteurs belges - Thomas Gunzig, Kenan Görgün et Johan de Boose. La première rencontre publique des ces 6 auteurs aura lieu au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris.

MASARAT Palestine s’est voulu processus, vaste réseau d’échanges, itinéraires en cours !