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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
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"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

des écoliers palestiniens ont fait leur rentrée un mois plus tôt
Article mis en ligne le 25 septembre 2018
dernière modification le 26 juillet 2020

31 juillet 2018 : des écoliers palestiniens ont fait leur rentrée un mois plus tôt pour éviter la démolition de leur école. "On a peur que les bulldozers israéliens reviennent si personne n’est là."
La veille, un ordre de démolition avait été émis par l’armée israélienne à la suite de l’arrêt de la Cour suprême du 24 mai, autorisant la démolition des "structures illégales à Khan al-Ahmar", bâties dans la zone C (sous contrôle exclusif d’Israël). La communauté bédouine s’est installée sur cette portion de terre pelée dans les années 1970, après son expulsion du Néguev par l’armée israélienne en 1953.

La suite :
23 septembre 2018 : Israël demande aux habitants du village bédouin de détruire leurs maisons. "L’Etat israélien s’est engagé à laisser les habitants du village démolir eux-mêmes leur hameau" (AFP). On croit rêver.

1. Démolissez vous-même

AFP
Publié le dimanche 23 septembre 2018

Israël a demandé dimanche aux habitants d’un village bédouin de Cisjordanie occupée érigé par ses défenseurs en symbole de la lutte contre la colonisation israélienne, de démolir eux-mêmes "toutes les structures du site" d’ici le 1er octobre. Après des années de bataille judiciaire, la Cour suprême israélienne a donné début septembre son feu vert à la démolition de Khan al-Ahmar, village de tôle et de toile où vivent environ 200 bédouins à l’est de Jérusalem, coincé entre deux colonies israéliennes.

Ce village bédouin palestinien est devenu emblématique du sort de ces communautés confrontées à l’occupation et la colonisation de la Cisjordanie.

"En application de la décision de la Cour suprême, les habitants de Khan al-Ahmar ont reçu dimanche l’ordre de détruire toutes les structures du site avant le 1er octobre", a précisé un communiqué du Cogat, l’organisme israélien chargé des affaires civiles dans les territoires palestiniens occupés.

L’Etat israélien s’est engagé à laisser les habitants du village démolir eux-mêmes leur hameau, mais le communiqué ne précise pas quelles mesures seront prises si les habitants refusent.

"Personne ne partira, il faudra nous expulser par la force", a affirmé à l’AFP Eid Abou Khamis, un porte-parole du village contacté par téléphone.

Huit pays européens ont réclamé jeudi à Israël de ne pas démolir ce hameau, estimant que sa destruction permettrait d’étendre les colonies israéliennes et de couper en deux la Cisjordanie, rendant encore plus compliquée l’éventuelle création d’un Etat palestinien sur ce territoire.

Israël occupe depuis près de 50 ans la Cisjordanie où plusieurs communautés de bédouins se sont installées à l’est de Jérusalem, dans un secteur où, selon des ONG de défense des droits de l’Homme, Israël projetterait d’étendre la colonisation.

AFP
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Voir sur mon Blog Palestine le dossier Israël : La démolition de Khan al Ahmar et le transfert de ses habitants sont des crimes de guerre". En attendant l’annexion pure et simple ?

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2. Ces écoliers palestiniens font leur rentrée un mois plus tôt pour éviter la démolition de leur école

Un Reportage (édifiant) de Claire Bastier, Envoyée spéciale à Khan al-Ahmar (Cisjordanie occupée)

Publié dans La Libre le mardi 31 juillet 2018.

Extraits

A mi-chemin entre Jérusalem et Jéricho, ils se mobilisent pour l’éviter.  

Les vacances scolaires ont été de courte durée dans le village bédouin de Khan al-Ahmar, à l’est de Jérusalem, en Cisjordanie occupée. Déjà le 16 juillet, les 170 élèves, issus du village et de quatre communautés bédouines voisines, reprenaient le chemin de l’école. "Avec les professeurs, nous avons décidé d’anticiper la rentrée scolaire. Il faut que les locaux soient toujours occupés", explique Eid Abou Khamis, le porte-parole du village. "On a peur que les bulldozers israéliens reviennent si personne n’est là."

La communauté se souvient des violentes échauffourées du 4 juillet avec les forces de l’ordre israélienne, alors que l’entrée du village était aplanie pour permettre aux engins de chantier de passer. La veille, un ordre de démolition avait été émis par l’armée israélienne à la suite de l’arrêt de la Cour suprême le 24 mai, autorisant la démolition des "structures illégales à Khan al-Ahmar". Vieille de presque dix ans, la menace devenait réalité. (...)

Fondée en 2009 avec l’association italienne "Vento di Terra", l’école "des pneus" fait partie des structures qu’Israël considère comme illégales, parce que bâties sans l’obtention du permis de construire délivré par les autorités israéliennes dans la zone C (sous contrôle exclusif d’Israël). Les résidents répondent qu’il est presque impossible d’y avoir droit.

Bédouins déjà expulsés

La communauté s’est installée sur cette portion de terre pelée dans les années 1970, après son expulsion du Néguev par l’armée israélienne en 1953. Faute de permis, les Bédouins y ont édifié leurs maisons avec des matériaux de fortune : des planches de bois, des tôles métalliques ou des bâches. Des ONG locales et internationales, ainsi que des pays étrangers, ont pourvu à certaines infrastructures : toilettes mobiles ou encore panneaux solaires, parfois confisqués par l’armée israélienne avant d’être rendus. En l’espace de cinq ans, l’Union européenne a ainsi dépensé plus de 300 000 euros pour Khan al-Ahmar.

"La politique d’Israël est de créer un environnement de vie coercitif pour faire partir les gens et utiliser la zone C de la Cisjordanie selon ses propres intérêts", explique Amit Gilutz, porte-parole de l’ONG israélienne B’Tselem. En effet, depuis près d’une décennie, les colons israéliens de la région poussent aussi les autorités israéliennes à mettre en œuvre l’ordre de démolition du village, pour permettre l’agrandissement des colonies de Maale Adumim (40 000 habitants) et de Kfar Adumim (4 200 habitants), ce qui créera une continuité territoriale à l’est de Jérusalem, séparant le nord du sud de la Cisjordanie. L’ancien dirigeant palestinien "Yasser Arafat le disait déjà : les Bédouins à l’est de Jérusalem sont les derniers garde-fous de la solution à deux Etats", ajoute Angela Godfrey-Goldstein, une Israélienne engagée de longue date dans la défense du village.

Le cas de Khan al-Ahmar constitue donc une ligne rouge à ne pas franchir. En cas de démolition effective du village, les ONG craignent qu’un précédent soit créé, et que la dizaine d’autres communautés bédouines de la région soient plus facilement expulsées. A plusieurs reprises, les diplomates de pays européens, dont la Belgique, se sont donc rendus au chevet de Khan al-Ahmar, tout en rappelant à Israël la nécessité de respecter la législation internationale concernant le déplacement forcé de populations civiles, considéré comme une violation de la 4e Convention de Genève.

Mode de vie menacé

Sans attendre la décision de la Cour suprême, les autorités israéliennes ont prévu de transférer les 200 villageois vers Al-Jabel, près de la localité palestinienne d’al-Azariya. Sur place, les maisons et les locaux scolaires sont prêts, reliés à l’eau courante et à l’électricité. Mais le site, coincé entre une décharge publique et une autoroute, ne laisse aucune zone de pâturage pour les moutons. "Les gens n’auront pas d’autre solution que d’aller travailler dans les colonies israéliennes avoisinantes. Ils devront renoncer à leur mode de vie bédouin", alerte Mme Godfrey-Goldstein.

Pour éviter une telle issue, les avocats défendant la cause du village ont soumis aux autorités israéliennes un plan de zonage résidentiel qui rendrait légales les constructions bédouines. (...)

Reportage Claire Bastier, envoyée spéciale à Khan al-Ahmar, publié dans La Libre le mardi 31 juillet 2018.

http://www.lalibre.be/actu/international/ces-ecoliers-palestiniens-font-leur-rentree-un-mois-plus-tot-pour-eviter-la-demolition-de-leur-ecole-5b5f472355324d3f13a878c3


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