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LARCENCIEL - site de Michel Simonis
Slogan du site

"To do hay qui ver con todo" (tout a à voir avec tout) Parole amérindienne.
Comprendre le présent et penser l’avenir. Cerner les différentes dimensions de l’écologie, au coeur des grandes questions qui vont changer notre vie. Donner des clés d’analyse d’une crise à la fois environnementale, sociale, économique et spirituelle, Débusquer des pistes d’avenir, des Traces du futur, pour un monde à réinventer. Et aussi L’Education nouvelle, parce que Penser pour demain commence à l’école et présenter le Mandala comme outil de recentrage, de créativité et de croissance, car c’est aussi un fondement pour un monde multi-culturel et solidaire.

Michel Simonis

Le 15 août 2007
FRONTIERE DE VIE – Nouvelles d’automne 2007
Article mis en ligne le 2 octobre 2007
dernière modification le 22 avril 2012

Voici le texte des Nouvelles n° 10 de Frontière de Vie - Belgique, écrites par jacques Dochamps.

Chers amies et amis de la Frontière de Vie,

Ces Dernières Nouvelles sont un peu exceptionnelles puisqu’elles sont écrites directement depuis Sarayaku, au coeur de l’Amazonie équatorienne.

Gros plan de la pépinière

J’y termine une semaine de visite, avec ma compagne Jeannine, et je vous écris peu de temps avant notre départ. Cette semaine fut intense et passionnante. Elle nous a permis de rencontrer la réalité du « terrain », de mieux comprendre de multiples aspects de la vie quotidienne à Sarayaku et d’appréhender dans quel contexte se réalise au jour le jour ce fabuleux projet.

Un beau « cadeau » nous fut offert dés le deuxième jour de notre visite par l’arrivée imprévue de quatre hommes qui revenaient de la Frontière, à 3 jours de marche de Sarayaku.

Planteur 6

Nous savions qu’une équipe y était partie pour une expédition d’un mois. Ces quatre hommes venaient rechercher des provisions ainsi que les plants nécessaires pour planter le 3e Cercle de la Frontière.

C’est donc avec émotion que je vous livre ces photos toutes fraîches de ces hommes qui partent pour la forêt, emportant les plants des futurs arbres à fleurs de la Frontière.

Le temps que ces nouvelles vous arrivent, le 3e Cercle sera planté.Tous trois, finalement, ont été créés dans le secteur stratégique de Landayaku, là où la société Agip veut remettre en fonction un ancien forage de pétrole (voir le Dernières Nouvelles n°9).

Planteurs 1

Cette urgence a reporté le projet d’expédition dans le territoire lointain et difficilement accessible des lagunes noires.

Ici, c’est maintenant le temps des vacances scolaires, et les familles en profitent pour réorganiser les « chacras » (jardins familiaux).

Si tout se passe comme prévu, 5 expéditions simultanées devraient partir à la « rentrée », en septembre, pour créer 5 nouveaux cercles, cette fois dans des endroits diamétralement opposés les uns aux autres.

Sarayaku est en effet divisé en plusieurs villages, éloignés les uns des autres par plusieurs kilomètres. Chaque village contribue au projet et enverra une équipe dans le prolongement de sa situation géographique.

Il est donc visible ici que le projet de la Frontière a largement dépassé le cadre de ses concepteurs et qu’il est intégré par des pans de plus en plus larges de la population de Sarayaku, convaincus (comme nous !) de son extraordinaire capacité de « retournement ».

Et c’est ainsi que, de façon très cohérente, le groupe Atayak qui dirige le projet a décidé d’appeler TIAM, c’est-à-dire en kichwa « Le retournement », la 1e clairière – ou « Point de Résistance » de la Frontière…

Planteur 4

Nous apprenons par la même occasion que, contrairement à ce que nous avions initialement compris, le mot TIAM serait réservé au premier Cercle. Chacun des autres aura son propre nom, sa propre histoire, sa propre disposition particulière des arbres de couleurs. Nous attendons les noms des Cercles 2 et 3…

Du côté du village, la progression de Sarayaku (depuis mon dernier passage il y a 5 ans) est vraiment spectaculaire.

• Nouveau et magnifique bâtiment pour les réunions plénières de la communauté.
• Nouveau bâtiment pour TAYASARUTA, le gouvernement de Sarayaku.

• Nouveaux bâtiments pour le centre informatique, branché sur internet par satellite et énergie solaire.

Nouveau bâtiment 1

• Nouveau bâtiment, en construction, pour le futur centre de création de matériel didactique (pour l’école mais aussi pour la Frontière).

• Nouveau bâtiment, aussi en construction, pour le centre de soin et de guérison SASI WASI dont le toit, totalement achevé, a pris 7 mois de travail…

Il faut être ici et vivre les réalités de la vie quotidienne à Sarayaku, avec ses difficultés innombrables, pour réaliser à quel point tout ce travail est un véritable tour de force, signe d’une volonté et d’une opiniâtreté formidables.

Cette volonté est celle, sans aucun doute, des concepteurs de la Frontière, le chamane don Sabino et son fils José, mais aussi celle de tout le groupe Atayak qui me reçoit avec énormément de gentillesse et d’intérêt.

Don Sabino

Par ma bouche, ils remercient chaleureusement tous ceux qui ont soutenu la Frontière en parrainant un arbre.

Maison traditionnelle

Mention particulière pur le groupe de joggeurs, emmenés par notre ami Christophe van de Ghinste, qui a réuni lors du marathon de Bruxelles la jolie somme de 1.500 € !! Les photos des coureurs, maquillés et le visage surmonté d’une petite couronne de plumes, ont suscité ici beaucoup de joie et de gratitude.

Il y aurait encore beaucoup à vous dire et vous expliquer. Par exemple, Eriberto s’apprête à tourner son 3e film, un « docu-fiction » cette fois, consacré à l’initiation traditionnelle des chamanes. Il accompagnera aussi son père don Sabino, en septembre, dans l’expédition des lagunes noires et nous en ramènera un document filmé.

Connexion internet

José et Sabine nous rejoindront en Belgique en mars et nous organiserons plusieurs activités avec eux, dont une réception officielle en la commune de Theux en vue d’une charte d’amitié Theux- Sarayaku.

Nous espérons par ailleurs réaliser, au sein de la même commune, un événement exceptionnel et pour un large public lors du week-end du 15 août 2008. Un groupe est déjà au travail !

Nous ne voudrions pas, toutefois, que toutes ces bonnes nouvelles vous fassent croire que tout ici est idéal et que nous nageons en pleine utopie.

Nouveau bâtiment 2

Sarayaku est une communauté qui a été abîmée par l’acculturation et le choc avec le monde moderne. Il y a ici beaucoup de pauvreté et surtout de problèmes de santé. Peu ou pas de planning familial. De nombreuses familles en souffrance. Des connaissances traditionnelles riches et nombreuses mais qui se perdent ou sont peu pratiquées. Les conditions sont difficiles.

Pirogues mises à l’eau

Les sociétés pétrolières ne lâchent pas leur pression et noient les médias de fausses informations avec leurs énormes moyens financiers.

Enfin, les dérèglements climatiques, dont de véritables déluges, frappent parfois la région et il se pourrait que les explorations sismiques qui ont eu lieu dans de petites communautés marginalisées (et souvent évangélisées par les mouvements pentecôtistes américains) aient provoqués des effondrements de terrain.

Il résulte de ces désordres que certaines espèces animales dangereuses sont sorties des sanctuaires naturels qui les protégeaient.

Les planteurs de la Frontière sont inquiets d’avoir récemment découverts la trace de patte d’un énorme tigre…

Non, rien n’est réglé, rien n’est encore gagné. Un travail colossal reste à faire dans tous les domaines !

Je vous quitte néanmoins sur un nouveau signe d’espoir : la plupart des peuples indiens voisins de Sarayaku, les Shuars, Ashuars, Huaoranis, Zaparos etc., ont marqué leur intérêt pour le projet de la Frontière de fleurs et se déclarent prêts à en créer dans le futur des « arborescences » qui grandiraient dans la forêt selon le tracé de leurs propres frontières ! Mais les moyens économiques manquent et il faut encore consolider la Frontière de Sarayaku avant de pouvoir l’ouvrir aux autres peuples.

Comme vous le voyez, la partie est loin d’être finie !

Mère et enfant

Nous joignons à ce bulletin une déclaration officielle de José Gualinga, président de la Frontière de vie et responsable des relations extérieures de Sarayaku, déclaration parue dans un des journaux les plus important d’Equateur.

Quant à nous, nous vous donnons rendez-vous à Valériane, au Palais des Expositions de Namur, les vendredi 31 août, samedi 1 et dimanche 2 septembre. Nous y tiendrons un stand et vous y rencontrerons volontiers. Vous pourrez y acquérir un superbe T-Shirt avec notre logo !
Merci de continuer à nous soutenir et à parrainer de nouveaux arbres !

À très bientôt

Jacques DOCHAMPS
Président de Frontière de Vie-Belgique
FRONTIERE DE VIE –BELGIQUE
Triodos : 523-0415169-84
IBAN : BE 03 5230 4151 6984


NOUS, NOUS AVONS DÉJÀ ATTIRE L’ATTENTION SUR LE RÉCHAUFFEMENT DE LA PLANÈTE …

José GUALINGA


Dirigeant des Relations Internationales
Article initialement paru dans El Universo (Quito, Équateur), 18 février 2007

Cela fait 25 ans que le peuple de Sarayaku manifeste l’importance, le sérieux et le besoin que requiert la conservation de l’environnement, du point de vue des peuples indigènes.
Nous éduquons les gens de Puyo et d’autres sociétés. C’est une lutte qui nous a coûté du temps et même la vie de dirigeants comme Basilia Santi, Raúl Viteri et Béatrice Gualinga.

Evidemment, maintenant que Al Gore (activiste, politicien et chef d’entreprise des USA) met en lumière la lutte contre le réchauffement global, tout le monde veut écouter. Mais ici, dans ce village, des dirigeants tels que nous avons parlé de ce sujet il y a longtemps. On ne nous écoutait pas ; mais il nous semble très important qu’aujourd’hui l’Equateur et le monde traitent ce sujet planétaire.
Les Yachaks (sages, guérisseurs) disent que la terre deviendra comme de la mousse si elle est contaminée, si on extrait le pétrole et coupe les arbres. Des maladies apparaîtront. Les esprits, comme amazanga, le sacharuna, le yacuruna, partiront et la terre deviendra stérile.

Il y a des « peuples » sous le fleuve, sous les montagnes et dans les lagunes.
Si on détruit cela, on détruit la planète. Nous nous détruisons nous-mêmes.

Nous nous réjouissons de ce que le monde, maintenant, s’en préoccupe.
Alors, l’heure d’un virage à 180° est arrivée ; l’Occident doit se restructurer, il doit modifier sa façon de vivre, rééduquer ses enfants quant au danger de ne pas préserver la nature.

On dit en voie d’extinction beaucoup d’espèces animales, comme le tapir ou le tigre ; mais c’est l’homme qui est en danger d’extinction.

En tant que pays, nous sommes faibles en ce qui concerne les politiques environnementales. On doit mieux s’organiser, définir des zones d’exploitation, redéfinir la carte pétrolière. Dans les zones où n’interviennent pas encore les compagnies pétrolières, on doit imposer des politiques pour protéger la nature.

Ici, nous veillons à ce que les régions industrialisées vivent bien, nous attendons la réciprocité.